Comment prévenir la défaillance de son entreprise?

Dans cet article, DigiDAF anticipe et vous apporte un éclairage « amont » pour vous préparer à gérer un risque croissant en cette période de rentrée : les défaillances d’entreprises.  

La dernière étude du cabinet Altares sur les défaillances d’entreprises rapporte que leur nombre a augmenté de 49 % au deuxième trimestre 2022. En effet, 9 826 entreprises sont tombées en défaillance entre le 1er avril et le 30 juin 2022.  

Parmi les 33 516 entreprises ayant déclaré une cessation de paiement sur 12 mois glissants (+ 16% par rapport à fin juin 2021), ce sont les très petites entreprises qui sont les plus touchées.  D’ailleurs « un des indicateurs les plus marquants de ce trimestre concerne justement les jeunes structures dont les niveaux de défaillances explosent de 136 %, avec 1750 procédures ouvertes”, lit-on dans le rapport.  

Comme le montre le graphique ci-dessous, publié par la Banque de France, le secteur de de l’hébergement et de la restauration est celui ayant subi la plus forte augmentation des défaillances à fin juillet 2022.  

Enfin, les défaillances des entreprises ont des implications plus profondes qu’à l’ordinaire avec 73% des jugements se concluant sur des liquidations judiciaires directes contre 68% traditionnellement. 

défaillance entreprise

Source : Banque de France – Base Fiben. Données disponibles début août 2022 : définitives pour juin, provisoires pour juillet.
Calcul : Banque de France – Direction des Entreprises – Observatoire des entreprises 
a Cumul des douze derniers mois comparé au cumul des mêmes mois un an auparavant et à l’année 2019 (janvier à décembre 2019). 
b La ligne « Ensemble » comprend des unités légales dont le secteur d’activité n’est pas connu. 

Quelles sont les causes apparentes expliquant cette hausse ? 

Nous avons identifié trois raisons principales à l’augmentation des défaillances : 

  • La fin des aides de l’État qui avait adopté pendant la crise Covid l’approche protectrice du “quoi qu’il en coûte ». Ainsi, la fin des subventions est associée au début du remboursement des PGE après 2 ans de franchise de paiement. Cet impact est nuancé par une analyse de la Banque de France déclarant que “la moitié des entreprises ayant eu recours au PGE l’ont épargné, donc elles ont de la trésorerie disponible” ; 
  • La crise ukrainienne provoque depuis mars 2022 la flambée des prix de l’énergie, les ruptures de chaînes d’approvisionnement et donc une inflation importante dans la zone euro (9,8% à fin juillet 2022) ; 
  • Un point de référence du niveau de défaillance à fin juin 2021 historiquement bas avec 28 924 défaillances. Comme le montre le graphique ci-dessous, le nombre de défaillances a chuté depuis le début de la crise Covid.

A ces effets s’ajoutent les remontées successives des taux directeurs de la BCE décidées pour limiter l’inflation. Ces hausses provoquent à la fois une hausse du coût de l’endettement des entreprises, une baisse des prêts limitant la consommation et une incitation des ménages à l’épargne. Ainsi, l’impact de ce ralentissement économique associé à un accès limité au financement pourraient accélérer les défaillances d’entreprises dans les prochains mois. 

Pour aider nos clients à limiter leurs risques de défaillances dans ce contexte incertain, nous avons analysé pour vous les facteurs opérationnels, commerciaux et financiers à mettre sous contrôle dès à présent.  

Quels sont les principaux facteurs de défaillances et comment les mettre sous contrôle ?

A. Les facteurs opérationnels et la dépendance à vos partenaires : 

  • Les deux crises majeures (Covid et guerre en Ukraine) ont exacerbé les risques de rupture de la chaîne d’approvisionnement. Or l’augmentation des délais d’approvisionnement a un effet direct sur l’allongement de la durée de production/livraison et provoque mécaniquement une baisse du volume d’affaires. Ainsi, les entreprises sont tentées de sur-stocker pour contrer un risque de rupture de leur approvisionnement. Ce mécanisme vient augmenter le BFR et accroît le besoin de trésorerie de l’entreprise pour couvrir son exploitation.   
  • La hausse des défaillances peut entraîner le risque de défaillances en cascade. Pour rappel, la défaillance en cascade se produit lorsque la défaillance d’une entreprise (fournisseur ou client) entraîne la défaillance de son partenaire. Bien entendu vous pourrez difficilement empêcher la défaillance d’une autre entreprise. Cependant, dans un contexte de hausse des défaillances d’entreprises, vous pouvez notamment vous montrer vigilants à  une trop forte dépendance à un fournisseur / client unique et surveiller le niveau de vos encours clients.  

Les conseils DigiDAF :  

  1. Suivez mensuellement votre niveau de BFR et mettez en place les outils de financement adéquats tels que des découverts autorisés, recours à un factor pour diminuer l’encours client, … 
  2. Diversifiez vos fournisseurs pour assurer votre continuité d’exploitation 
  3. Revoyez vos délais de règlement clients à la baisse (si possible) et suivez de près les paiements de vos clients. 

B. Les facteurs commerciaux et financiers :

  • Le début des remboursements des PGE initiés pour la majorité des entreprises en 2022, associés à la fin des subventions de l’Etat, viennent perturber l’équilibre financier des entreprises ayant eu recours à ces aides. Ainsi les entreprises n’ayant pas épargné leurs PGE, peuvent faire face au “mur de la dette” et doivent structurer leurs sources de financement ; 
  • Comme expliqué précédemment, les hausses des taux directeurs de la BCE visent à faire baisser la demande de biens et services pour limiter l’inflation. Or dans un contexte de stagflation (absence de croissance et inflation), les entreprises subissent un triple choc :
      • La hausse du coût du financement associée à des conditions d’accès restreintes 
      • La hausse des coûts d’exploitation (hausse des matières premières et des salaires, hausse de l’énergie, …) 
      • Une baisse de la demande des clients 

Les conseils DigiDAF : pour vous prémunir contre ces impacts, nous vous conseillons : 

  • d’analyser vos principaux ratios financiers tels que votre taux d’endettement net 
  • de compléter les exercices traditionnels de budget et de business plan par la réalisation de prévisionnels de trésorerie incluant les remboursements des PGE 
  • d’ajuster votre structure de coût et votre volume de production à la demande client ré-estimée  
  • d’entamer une revue de l’ensemble de vos contrats de fournisseurs pour tenter de limiter l’impact de l’inflation (synergies intra-groupe, négociation de remises de fin d’année, …) 

Vous avez besoin d’accompagnement pour vous prémunir d’un risque de défaillance ? Les Directeurs Financiers à temps partagé de DigiDAF sont à votre disposition pour vous aider à identifier les causes potentielles de défaillance et à mettre en place les outils et solutions pour y répondre.